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Les astres, maitres du temps et des hommes 

À la Renaissance, on pense que les positions du zodiaque et des planètes au moment de la naissance peuvent influencer qui on est : la personnalité, les émotions, et même prédire des événements de notre vie. Ce sont ces croyances qui ont principalement inspiré la représentation de l’homme zodiacal.

Qu'est ce qu'un zodiaque ? 

Imaginez une grande roue dans le ciel, avec le Soleil, la Lune et les planètes qui font le tour. C'est le zodiaque, découpé en 12 parts comme une tarte, et chaque part est un signe du zodiaque (Bélier, Taureau). Chacun de ces signes représente un groupe d'étoiles (constellation) et des traits de personnalité uniques. En astrologie, on pense que l'endroit où se trouvent les étoiles et les planètes quand nous sommes né(e)s peut en dire long sur nous : notre caractère, nos sentiments, et même ce qui pourrait nous arriver dans le futur. Quand nous lisons notre horoscope, c'est en fait une sorte de météo astrologique basée sur cette grande roue céleste.

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L'homme zodiacal 

Ce type de représentation, bien qu’il puisse nous paraître étrange aujourd’hui, a connu une diffusion à grande échelle dès le XIVe siècle. Il s'inspire directement de l’astrologie issue des sciences antiques, notamment celles héritées d'Hippocrate. Celles-ci reposent sur l'idée fondamentale qu'il y aurait une similitude profonde entre le monde et l'être humain. Miroir de l’univers, l’homme serait influencé par les positions du zodiaque et des planètes. Cette croyance a donné naissance à une pratique particulière, la mélothésie. Cette discipline se basait sur le principe que chaque planète et chaque signe du zodiaque avaient une influence sur certaine partie du corps humain, afin de prédire comment les astres pouvaient influencer en bien ou en mal la santé et le bien-être de chaque homme.

Ces constatations étaient très utiles pour les médecins car ces influences sont responsables de plusieurs maladies. Selon Les Très Riches Heures du duc de Berry, un livre d’heures du XIVe siècle, chaque signe provoquerait un excès de “tempérament” et “d’humeurs” directement responsables de la pathologie du patient.

L'astrologie dans la médecine  

À la fin du Moyen Âge, les astrologues ne sont jamais qu’astrologues. Ils touchent également à d’autres disciplines comme la médecine, les mathématiques et l’astronomie. 

Les almanachs étaient très utiles pour les médecins. En effet, ils pouvaient diagnostiquer les prédispositions pathologiques de chaque individu grâce à l’étude du thème astral. Par exemple, quelqu’un né sous le signe du bélier a plus de chances de souffrir de maux de têtes. Aussi, pour faire disparaître la douleur et les humeurs excessives, le médecin devait attendre le bon moment pour réaliser la saignée au niveau de la zone ciblée. Il se servait d’almanachs médicaux pour regarder la configuration des astres et ainsi savoir quel était le moment propice à l’intervention. Il fallait que le jour et l’heure de la saignée soit en phase avec l’ordre cosmique. Par exemple, lorsque la lune est en bélier, il ne faut surtout pas faire d’incisions au niveau de la tête. De plus, les remèdes étaient plus efficaces lorsqu’ils étaient pris sous l’ascendance de l’astre favorable à l’organe malade. Ces pratiques étaient très répandues.

Pour soigner les patients, on pensait qu'il fallait ainsi enlever le trop-plein de certains liquides du corps. Pour ça, les médecins réalisaient une saignée. Ils choisissaient l'endroit de la coupure en fonction de la maladie, du liquide en trop et de l'influence des planètes. Mais attention, cette méthode était risquée ! Parfois, au lieu de guérir, elle rendait les gens encore plus faibles et pouvait même être mortelle. 

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L'astronomie naturelle

La première étudie l’influence des astres sur les phénomènes naturels, c’est-à-dire la météorologie. La position des astres permet aux astrologues de réaliser toute une série de prémonitions sur la météo au cours de l’année. Ces informations sont très utiles pour les cultivateurs qui peuvent donc adapter leur travail puisque des conseils en agriculture y sont donnés selon le mois de l’année à venir.

 

 

Ces prémonitions étaient écrites dans des almanachs ou éphémérides commercialisés annuellement à faible coût. L’invention de l’imprimerie au XIVe siècle a permis une large diffusion de ces ouvrages. Le marché est considérable aux XVIe et XVIIe siècles. Ainsi, une grande quantité de la population peut s’en procurer. Ces almanachs indiquent également le nom des saints ou encore les phases de la lune.

L’astrologie naturelle prédit également des événements célestes comme la trajectoire du Soleil, des planètes et de la Lune à travers le zodiaque, la date précise des éclipses, ou encore la position exacte et les mouvements des planètes lors de chaque nuit. Ces informations sont inscrites dans les tables astronomiques. 

Parfois, pour attirer le public, les astrologues y adjoignent de courts écrits prophétiques en vers ou en prose ou encore des réflexions. Par exemple, selon ces tables, beaucoup de sang a été répandu en août 1620.

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« On verra tomber tant de têtes
Sous le tranchant du coutelas
Que tous les hommes et les bêtes
En pourront faire leur repas. »
« Dans les bourgs et les villages
Venues conjointes avec Bacchus
Vendangera maints pucelages
Et fera maints maris cocus. »
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Le macrocosme et le microcosme vus par Marsile Ficin : un enfant de Saturne. 

« Ce n’est point hors de nous qu’il faut chercher les corps célestes ; en vérité, le ciel est tout en nous, qui avons en nous une vigueur ignée et des origines célestes. »

Marsile Ficin est l’un des premiers humanistes italien du XVe siècle. Il est médecin, philosophe néoplatonicien, poète et traducteur d’Aristote. Dans une lettre de 1477, il évoque le macrocosme et le microcosme.

Le macrocosme représente l’étendue céleste, tandis que le microcosme représente l’homme. Les deux ensembles sont liés puisque l’un est le miroir de l’autre. Ce lien est matérialisé par la figure de l’homme zodiacal car il montre les correspondances entre les membres du corps humain avec les astres et les planètes. Ficin publie en 1489 Les Trois Vies, dans lequel il donne des conseils aux intellectuels car ils sont les plus touchés par la mélancolie puisqu’ils sont des enfants de Saturne.

Si vous êtes un enfant de Saturne, Ficin vous donne des conseils et des remèdes pour lutter contre l’influence néfaste de la planète :  

  • avoir une bonne hygiène

  • manger peu 

  • utiliser des parfums

  • utiliser des talismans

  • écouter de la musique 

  • consommer du vin

En effet, dans l'art et la pensée de la Renaissance, Saturne était souvent associé à la mélancolie, un concept qui dépassait la simple tristesse pour englober un état d'esprit profond, parfois lié à la créativité et au génie intellectuel. Saturne, avec son apparence lointaine et son mouvement lent dans le ciel, symbolisait la contemplation, l'introspection et, par extension, la mélancolie. Cette association a été particulièrement influente dans les œuvres d'artistes et de penseurs, qui voyaient dans la mélancolie non seulement une inclination à la tristesse mais aussi un potentiel pour la profondeur intellectuelle et la réflexion. Des figures emblématiques comme Albrecht Dürer ont exploré ce thème dans des œuvres d'art telles que la gravure Melencolia I, qui représente une figure pensive entourée de symboles alchimiques et scientifiques, soulignant le lien entre mélancolie, créativité et quête de connaissance.

Connaissez-vous l’expression “Mercure rétrograde” ou “Mercury is retrograding” en anglais ?
 

Elle renvoie à un phénomène astronomique où Mercure semble reculer dans le ciel. En astrologie, la rétrogradation de Mercure est considérée comme un signe pour ralentir et réfléchir avant d’agir. Mercure ne fait pas marche arrière pour de vrai, c'est une illusion vue de la Terre.

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