Astrologie et religion : l’épineux problème du libre arbitre
Les relations entre astrologie et théologie sont, durant une longue période, assez complexes et sujettes à de nombreux débats, particulièrement en ce qui concerne la notion de libre arbitre. L’aspect divinatoire de l’astrologie est, en effet, en contradiction avec l’idée selon laquelle un chrétien doit se préparer à sa propre mort à chaque instant de sa vie, régie par Dieu, tandis que la divination prétend pouvoir prédire, notamment à travers des chartes astrales établies à la naissance, des évènements liés la santé et aux circonstances de la mort des individus (astrologie généthliaque).
Astrologie et Religion
Au Moyen Âge, les thèses de saint Thomas d’Acquin sur le libre arbitre, émises au XIIIe siècle, ont une grande influence sur la pratique de l'astrologie. Dans celles-ci, il y condamne fermement l’astrologie généthliaque. Sa pratique est alors petit à petit abandonnée.
L’astrologie fait cependant une réapparition remarquable à la Renaissance, à l’instar des débats sur le libre arbitre. Si certains intellectuels la condamnent, Girolamo Savonarole par exemple, d’autres comme saint Albert, la voit comme un cadeau de Dieu. L’étude des astres permettrait aux Hommes de prendre des décisions les plus avisées. Malgré de fortes oppositions, l’astrologie continue d’occuper une place importante au sein de l’Église, et trouve aussi sa place dans les cours européennes puisque plusieurs monarques en étaient de fervents adeptes. On peut ainsi citer Catherine de Médicis, mais aussi plus tard Henri III et Louis XIII.
Les débats autour de la pratique de l’astrologie se poursuivirent chez les protestants. Une partie d’entre eux partageaient l’avis de saint Albert à ce sujet, ce fut notamment le cas de Melanchton, qui accorda, au sein de l’Université luthérienne réformée, un nombre important de chaires à la discipline.
Planète et mythologie
Bien que l’Europe soit complètement christianisée à la Renaissance, on constate que les divinités antiques sont particulièrement présentes dans les représentations et tout particulièrement dans l’astronomie, puisque les noms de dieux antiques sont déjà utilisés depuis l’Antiquité pour désigner des astres et des planètes. C’est notamment le cas de Mars à qui l’on a donné le nom du dieu de la guerre en raison de sa couleur, ou encore de Jupiter, la plus grosse des planètes, qui porte le nom du roi des dieux. Les planètes découvertes après l’Antiquité ont continué à être nommées en utilisant le panthéon romain, ce fut le cas, par exemple d’Uranus, découverte en 1780 ou encore de Neptune en 1840. Les différents signes du zodiaque sont eux aussi associés, en fonction de leur mois de naissance, à des planètes ainsi qu’aux divinités dont elles portent le nom.
Caraglio et les dieux antiques
Les représentations des divinités antiques sont également foisonnantes dans l’art, notamment pour représenter des idées ainsi que des symboles. Elles sont d’ailleurs mises à l’honneur dans une série d’estampes réalisées par l’italien Gian Giacomo Caraglio, élève de Marcantonio Raimondi, graveur de Raphaël. Il a en effet réalisé, à partir de dessins d’observation du peintre Rosso Fiorentino, avec qui il collabore souvent, une série de 20 estampes de dieux antiques, représentés debout dans des niches avec les attributs qui les caractérisent. Ces estampes furent, par la suite diffusées massivement en Europe et servirent notamment de modèle pour des décors peints ou pour les peintures du Cortile del Teatro, du château de Saint-Ange en Italie.
Un exemple : Saturne dévorant son enfant
La gravure ci-dessous est intitulée Saturne dévorant son enfant. Elle a été réalisée à Rome en 1526, et fait partie de la série de vingt estampes réalisées par Caraglio. Elle représente le Saturne dévorant l’une de ses filles, après avoir entendu une prophétie lui annonçant qu’il sera détrôné par l’un de ses enfants.