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L'Art de l'estampe

La gravure est une technique qui apparaît autour de 1400. Toutes les œuvres de l’exposition Les Enfants de Saturne sont des gravures, mais elles ont été réalisées avec différents procédés de gravures. Leur point commun est la réalisation d’une matrice qui permet d’imprimer l’image plusieurs fois. Les procédés de gravures présents ont tous recours à l’encre et à un support – généralement du papier – afin de réaliser l’estampe. Une presse ou un autre moyen de pression sert à transférer l’image de la matrice sur le support. Dans l’exposition, on parle d’estampes et de gravures. Ces deux termes ne signifient pas la même chose. Une estampe est l’objet fini imprimé, l’image créée en imprimant la matrice sur un papier. La gravure a une signification plus spécifique : elle désigne la technique artistique permettant de former une image en creusant une plaque de métal ou de bois, ensuite enduite d’encre et imprimée.

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On peut différencier deux grandes familles de gravure. Plus ancienne, la gravure en relief ou taille d’épargne qui consiste à creuser une surface afin d’éliminer les parties qu’on ne veut pas imprimer. L’image se dégage en relief, formant un négatif du dessin imprimé. L’encre est appliquée à la surface de la plaque avant de passer sous presse. Contrairement à la gravure en relief, la gravure en creux ou taille-douce voit l’image directement creusée sur le support. Après que l’encre est appliquée, la plaque est nettoyée de manière à ce que l’encre ne reste seulement que dans les creux.

L'exposition les Enfants de Saturne propose trois techniques de gravure différentes : la gravure sur bois, la gravure au burin et la gravure à l’eau-forte.

La gravure sur bois

La gravure sur bois est la première technique de gravure qui apparaît. La technique se développe pendant les derniers siècles du Moyen Âge en Allemagne. On utilise du bois, car il s’agit d’un support peu coûteux, facile à trouver et à travailler. Il s’agit d’une taille d’épargne.

La technique est révolutionnaire car elle permet pour la première fois de reproduire des images à bas coût. Cela donne aussi la possibilité aux artistes peintres de faire connaître leurs œuvres en faisant circuler des reproductions.

À l’aide de gouges ou de ciseaux, on creuse l’image sur une planche de bois de fil, retirant les surfaces blanches. Ensuite, on applique de l’encre sur les parties à la surface avant de coller la plaque contre une feuille et d’exercer une pression uniforme afin de transférer l’image sur le papier. Après l’introduction de la presse typographique par Gutenberg autour de 1442, les gravures sur bois sont imprimées de la même manière que les textes.

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Comme la gravure sur bois est en taille d’épargne, elle est compatible avec la typographie qui est également un procédé en relief. Dès l’introduction de la presse typographique, la gravure sur bois sert donc beaucoup à illustrer des livres. Les almanachs – qui prédisent en général la météo de l’année à venir à l’aide de l’astrologie et qu’on peut voir dans l’exposition – sont diffusés grâce à l’imprimerie à bas coût.

La gravure sur bois ne permet pas de dégradés, mais seulement le noir et blanc, créant ainsi des images très contrastées. Cette technique est caractérisée par un dessin très linéaire.

La gravure au burin

La gravure au burin est nommée après l’outil principal utilisé pour graver : le burin. Cet outil est composé d’une manche en bois dans laquelle est insérée une tige d’acier en forme carrée, rectangulaire ou de losange. Il s’agit de l’outil principal pour les gravures en taille-douce. La matrice est une plaque de métal, généralement du cuivre choisi pour sa surface ferme et souple qui offre de la précision ainsi qu’une bonne réaction à l’encrage.

Pour graver l’image, le burin est maintenu pendant que la plaque de cuivre est tournée afin de faire les incisions. La taille créée des copeaux appelés « barbes » qui sont enlevés à l’aide d’un ébarboir. Après l’encrage, la plaque est nettoyée rigoureusement afin que l’encre ne reste que dans les creux et que les blancs soient impeccables à l’impression. Avant l’impression, le papier est humidifié, ce qui le rend plus souple et lui permet de pénétrer dans les creux de la plaque de gravure afin d’absorber l’encre. La pression de la presse imprime la trace de la plaque sur la feuille. Cette marque est appelée une « cuvette ». Comme la gravure sur bois, la gravure au burin ne permet pas de dégradés mais que des noirs et blancs. Des hachures peuvent créer un semblant de nuances.

Abraham Bosse, Façon de tenir et de manier le burin. Illustration pour le Traité des manières de graver en taille-douce [Gravure sur cuivre], BnF Réserve des livres rares, 1645.

Les premières gravures au burin sont réalisées, peu avant le XVe siècle, en Allemagne. L’outil provient du milieu de l’orfèvrerie où on utilise une technique similaire pour préserver les ornements. En appliquant de la couleur ou de la suie et en pressant ensuite une feuille humidifiée sur les ornements, il est possible de conserver une trace des ornements afin de les reproduire. La maîtrise du burin nécessite beaucoup de précision et un long apprentissage. C’est pourquoi beaucoup de graveurs au burin sont issus d’une famille d’orfèvres, comme par exemple Albrecht Dürer.

L'eau-forte

Contrairement aux autres techniques de gravure, la gravure à l’eau-forte est une technique indirecte qui s’appuie sur les effets de l’acide. Le nom de cette méthode provient du nom donné à l’acide nitrique utilisé à l’origine pour cette technique. Aujourd’hui, l’acide nitrique a été remplacé par d'autres produits moins toxiques.

Au XVIe siècle, Urs Graf réalise les premières gravures en utilisant le procédé de l’eau-forte qui venait d’être développé.

Avant de graver le dessin, le support est recouvert d’un vernis protecteur qui résiste à l’acide. Le dessin est gravé sur le vernis à l’aide d’une pointe métallique, laissant apparaître le cuivre en dessous. Puis, la plaque de cuivre est placée dans un bain d’acide qui « mord » les zones à découvert et laisse intacte les parties protégées. Ensuite, le vernis est enlevé et on obtient une plaque de gravure en creux qui peut être encrée et passée sous presse. La plaque peut être rehaussée à l’aide du burin. Comme la plaque a été creusée par un acide, on parle d’une taille indirecte.

Abraham Bosse, L’imprimeur en tailles douces [Gravure à l’eau-forte], BnF Département des estampes et de la photographie, 1642.
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