
Caen à la mer
Parcourez le port et le canal qui relie Caen à la mer, où se retrouve des infrastructures essentielles qui jouent un rôle central dans la vie économique et quotidienne de la ville au XIXe et XXe siècle.

Le port industriel de Caen
Dès le Moyen Âge, l’Orne occupe une place centrale dans le commerce local et international, notamment pour l’exportation de la pierre de Caen jusqu’en Angleterre. La ville possède alors un port fluvial rudimentaire, et la navigabilité de l’Orne est entravée par ses méandres, ses eaux peu profondes, l’influence des marées et un envasement important. Ces obstacles limitent l’accès des grands navires, indispensables au développement d’un commerce maritime plus ambitieux.
Au XVIIIe siècle, les premières améliorations du port sont entreprises, sous l’impulsion des autorités locales et royales, pour dynamiser l’économie de Caen. Cependant, pour concurrencer d’autres ports normands comme Honfleur ou Le Havre, l’idée de faire de Caen un port maritime majeur émerge. Le projet retenu est celui de l’ingénieur Joseph Cachin (1757-1825) qui soumet l’idée de creuser un nouveau canal, annexe à la rivière ; projet qu’il mène durant l’année 1798. Il suggère d’augmenter le débit grâce à l’utilisation de certaines parties de l’ancien cours de l’Odon, l’objectif étant de rendre le port de Caen plus accessible.


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Victor LEFRANC (1812 – †),
La tour Leroy, 1838, Lithographie sur papier pâte chimique
Acquisition du musée par legs GOMBEAUX, 1984. Inv. 84.6.801
Le projet du canal est officiellement adopté avec l'essor industriel du XIXe siècle et la loi du 9 juillet 1837. Les travaux, réalisés en 23 ans par 600 ouvriers, se divisent en quatre étapes : réhabilitation du port, modification du cours de l'Orne, construction du canal et aménagement de l’avant-port à Ouistreham. Achevé en 1860, le canal, long de 14 kilomètres, est ouvert à la navigation le 1er juillet 1857 et inauguré par Napoléon III, permettant aux navires de rejoindre le port sans les obstacles de la rivière.


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Louis Ambroise GARNERAY (1783 – 1857),
Vue du port de Caen 1859, Estampe rehaussée la gouache
Acquisition du musée par legs GOMBEAUX,1984. Inv. 84.6.848
La création du canal
L’origine du canal prend naissance dans le canal Saint-Pierre, dans le port de Caen, près de la fonderie Sainte-Bathilde. Il suit la rive gauche de l'Orne jusqu'à Bénouville, emprunte un lit de l'Orne, et se poursuit en ligne droite jusqu'à Ouistreham. Depuis 1860, de nombreuses améliorations ont renforcé le rôle du port de Caen, stimulant ainsi la croissance économique, principalement centrée sur le textile jusqu'au milieu du XIXᵉ siècle.
En 1875, l'arrivée du minerai de fer transforme le port de Caen, rééquilibrant son trafic après des exportations insuffisantes. L'annexion de la Lorraine par l'Empire allemand prive la France de minerai, et le Calvados devient un centre de production d'hématite rouge. Le port se diversifie alors avec l'exportation de minerai de fer et l'importation de houille anglaise, représentant 75 % de son trafic total du port .
Le port de Caen est un centre vital pour la ville, offrant des emplois aux marins, commerçants et artisans. Les quais servent aussi d'approvisionnement pour les citadins. Avec la construction du canal, il devient un symbole de modernité, représentant les aspirations de progrès et d'ouverture de la ville et ses habitantes et habitants.
Les diverses œuvres sélectionnées tendent à rendre compte de cette activité et des animations présentent sur le port au cœur de la ville.

Le saviez-vous ?
Durant l'exposition, vous pouvez découvrir trois estampes réalisées par un graveur célèbre de la région normande : Raphaël Manchon.
Raphaël Manchon (1884 – 1975)
Orphelin de Dozulé, près de Caen, il est formé à l’École des Beaux-Arts de Caen, puis à celle de Paris. Ses gravures sont remarquées lorsqu’il remporte le Grand Prix de Rome en 1914. Après quelques années à Rome et Paris, il s’installe définitivement dans la région bayeusaine. Entre 1946 et 1963, il est conservateur du musée Baron Gérard de Bayeux. En 1932, il publie 10 gravures réalisées à l’eau-forte. Elles représentent les églises caennaises, ces maisons en pierre, ou encore le port. L’Odon est visible sur plusieurs estampes.
Véritable admirateur de la ville, Raphaël Manchon cherche à illustrer la beauté de ces édifices caennais. Malgré cette volonté de montrer à la fois l’ancienneté de la ville et ces transformations, Raphaël Manchon émet un avis assez critique sur l’état sanitaire de Caen, même après le recouvrement d’une partie de l’Odon :
« Bien des Caennais habitent encore de ces maisons plusieurs fois centenaires derrière leurs façades recrépies. Nos ancêtres nous ont laissé un Caen bâti de la bonne pierre de son sol. Il semble que toute ambition et tout savoir, à présent, soient de mettre à sa place une ville de boue. »
Voici les trois œuvres de Raphaël Manchon à retrouver dans l'exposition :
Caen au fil de l'eau !
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